• Chap'3

     Chapitre 3 

     

         Je rentre dans ma cellule et m'assois sur mon lit. J'occupe celui du haut et Miya celui du bas. Je m'étire du mieux que je peux, faisant craquer mon dos, ma nuque et mes phalanges. Mon amie grogne en dessous de moi. Elle hait quand je fais ça, mais moi ça me détend.

         Regardant autour de moi, j'observe ma magnifique résidence. L'humidité ronge le plafond et les petits coins sombres et quelques fissures sont visibles sur les murs. La seule lampe éclairant la cellule est fixée au plafond et émet une faible lumière.

         En soupirant, je laisse tomber ma tête sur le drap plié qui me sert de coussin. Curieusement, je le trouve assez dur. Enfin, plus que d'habitude. Je le soulève et aperçois un étrange cahier : il est simple, mais usé sur les bords et légèrement déchiré. Je le saisis entre mes mains, curieuse. J'ouvre le cahier à la première page et ce que je vois me glace le sang :

     

    « Cahier de bord n°1 : Maria Lacorte. »

     

         Comment cet objet est-il arrivé là ? Est-ce vraiment le cahier dont parlaient « Les Chuchoteuses » ? C'est impossible, personne n'aurait pu le déposer ici. De plus, il y a des centaines de cellules, pourquoi se trouve-t-il dans la mienne ?

         Une sonnerie stridente me sort de ma rêverie. C'est la sonnerie censée nous indiquer que nous devons aller travailler. Les mains tremblantes et la respiration troublée, je repose le cahier là où je l'ai trouvé. Je le lirais ce soir.

         Je prends une grande inspiration afin de me calmer et descends l'échelle de mon lit. Regardant autour de moi, je me rends compte que Miya est partie sans moi. Quelque part c'est tant mieux, si elle avait été là elle aurait sûrement remarqué que quelque chose n'allait pas.

         La sonnerie me transperce les oreilles. Ce son est particulier, strident, perçant et particulièrement désagréable. La sonnerie ne s'arrêtant pas tant qu'il manque une personne, je sors et me dirige vers la cour de la prison.

         Une fois arrivée, une gardienne me toise du regard.

              « -Numéro 348. Tu es en retard.

         Sa voix, comme celles des autres gardiennes, paraît sans vie. Il manque également dans son regard une petite étincelle de vie. Il est de glace et elles sont sans pitié pour, je cite, « des pourritures ». Parfois, je me demande si on ne leur a pas effectué un lavage de cerveau.

         Je jette un coup d’œil à la gardienne devant moi, puis me retourne et fait mine de chercher une personne, autre que moi, à qui elle pourrait s'adresser. 348 est bien mon numéro, mais je me considère comme étant bien plus qu'un simple nombre. Je tiens donc à ce qu'on m'appelle par mon prénom. Je me tourne vers le garde et prends un air faussement désolé.

              « -348 ? Je ne connais personne se nommant ainsi, je m'appelle Azur. Vous m'en voyez confuse.

         Les coins de ses lèvres se lèvent et un sourire mesquin se dessine sur son visage.

              -C'est bien, tu te rappelles au moins de ton prénom. Enfin, si c'est vraiment le tien. »

         N'étant pas d'humeur à cause de ma précédente découverte, je serre les poings et vais rejoindre Miya pour éviter de lui envoyer mes phalanges dans la figure. Je me place près de mon amie et commence le travail, qui consiste à bâtir des murs afin d'agrandir la prison. C'est le comble pour nous, non ? Nous bâtissons notre propre prison. Bientôt, d'autres prisonnières seront placées entre les murs que nous avons construits. Miya me regarde.

              «-Ça va ?..

              -J'ai envie de lui en coller une.

              -Je sais. »

         Je me tais, et elle fait de même. Je peux enfin laisser libre cours à ma pensée et sans surprise, celle-ci se dirige vers l'étrange cahier. Ce matin, je suis quasiment certaine qu'il n'était pas là, je l'aurais remarqué sinon. Ce qui veut dire qu'il a été déposé pendant que nous étions en train de déjeuner, hors ça exclut totalement « Les Chuchoteuses » puisque nous avons déjeuné en même temps. Ça ne peut pas non plus être Miya, quand aurait-elle pu le déposer là ? De plus, elle n'avait aucune raison de le faire, si elle l'avait trouvé avant moi elle me l'aurait simplement montré. Les gardiennes sont les seules à avoir accès aux chambres, mais ça ne peut pas non plus être elles. Si elles avaient eu ce cahier entre leurs mains, elles se seraient dépêchées de le ramener à leur directrice, comme les bons toutous qu'elles sont. Alors qui ?

         Une gardienne me tapote le dos pour que j’accélère le rythme. La nuit commence enfin à tomber, et les gardiennes nous font rentrer dans la prison. Le fait d'être prise pour du bétail m’exaspère. J'entre dans ma chambre en compagnie de Miya et me pose sur mon lit. Je dois parler de ce cahier à ma camarade, si elle tombe dessus par hasard elle se poserait trop de questions. Je prends le cahier entre mes mains et descends l'échelle qui nous sépare. Je m'assois sur son matelas et fixe le cahier. Intriguée, elle me regarde.

              «-Qu'est-ce-que c'est ?

              -Si je te le dis… Tu garderas le secret ?

              -Bien sûr, tu sais bien que tu peux me faire confiance. 

         Je prends une grande inspiration et lâche d'un coup :

              -Le cahier de Maria.

         Elle ne répond pas tout de suite et m'observe pendant un moment. Elle répète calmement :

              -Le cahier de Maria ?

         Je lui réponds, hésitante :

              -Oui…

              -Ok.

         Je la regarde, surprise de sa réponse.

              -« Ok » ? C'est tout ? Tu te rends compte que grâce à ce cahier je vais pouvoir connaître les points faibles de cette foutue prison et m'échapper ! C'est dingue non !?

              -C'est vrai, cependant, rien ne te dit que c'est la vérité.

              -Je sais bien, mais moi je suis certaine que je peux me fier au contenu de ce cahier.

              -Comme tu voudras…

              -On le lit ensemble ?

              -Non.

              -Pourquoi ?

              -Quand tu te seras évadée, ils me poseront des questions puisque je suis ta camarade de chambre. Il vaut mieux que je ne sache rien.

              -Ce n'est pas idiot… Tu as raison.

              -Azur, souvient toi : ta vie n'est pas un jeu.

              -Ma vie n'a plus de sens depuis que je suis là. Autant tout tenter.

              -Très bien… Comme tu voudras.

         Elle soupire.

              -Je ferais attention, promis. Et je reviendrai te chercher !

         Un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Elle me regarde et me fait une petite tape dans le dos.

              -Allez, va dormir.

              -Oui maman !

         Nous nous mettons à rire ensemble. Comme à son habitude, Miya rit d'une façon mélodieuse, agréable à entendre, contrairement à moi. Une boule m'obstrue la gorge, transformant mon rire sincère en un rire nerveux. Quitter Miya me fait énormément de peine, le risque de ne plus la revoir est sûrement la seule faille à ma détermination.

         Afin de ne pas inquiéter Miya, je fais mine de rien, grimpe l'échelle qui mène à mon lit en serrant le cahier dans mes mains et m'allonge. Je regarde le plafond avant de lâcher un bref « Bonne nuit » à l'intention de mon amie.

         Ces derniers mois, Miya a été la seule personne avec qui j'ai eu des propos corrects. Au départ, je me montrais distante avec elle, l'ignorant chaque fois qu'elle voulait en savoir un peu plus sur moi et lui lançant de simples « mh » les rares fois où je lui prêtais attention. Un jour, un garde m’assena un coup de taser dans le ventre alors que je venais de le frapper au visage. (Elle m'avait poussée à bout, mon geste était tout à fait légitime.) Le choc a été si fort que j'ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillée, allongée sur le sol de la chambre, Miya était à mes côtés. L'air amusée, elle me lança, tout sourire :

              « -T'inquiète, elle a tellement utilisé son taser que toute sa main a cramé. »

         Cette simple remarque suffit à m'arracher un sourire. Miya sourit à son tour et à ce moment-là, je vis en elle toute la sympathie qu'elle avait éprouvée pour moi dès le début.

         Mais aujourd'hui, je choisis de la quitter. Est-ce vraiment la bonne solution ? Une fois sortie, pourrais-je supporter l'idée d'avoir abandonné mon amie ? Aurais-je les moyens de la libérer lorsque je serais dehors ? Et surtout, les gardiennes lui feront-elles du mal une fois que je serai partie afin de lui soutirer des informations ? Mais après tout elles se rendront bien compte que Miya ne sait rien de mes plans.

         Pour la première fois depuis mon arrivée dans cette prison, je m'inquiète pour quelqu'un d'autre que moi. Je soupire, remonte ma couverture jusqu'à mes épaules et me couche sur le ventre. Je pose le cahier devant moi et l'ouvre. Je vais enfin pouvoir établir de sérieux plans d'évasion…

    Et voilà le 3ème chapitre ! (Après 2 mois et demi... Comment ça, je suis en retard ?)

    Je l'ai écris en cours de Latin, l'ablatif absolu, rien de plus intéressant n'est ce pas ? et j'en suis plutôt fière. Il est plus long que les autres, mais je ne me voyais pas le couper en plein milieu. Pour info, le nom de la prisonnière "évadée" (je le mets entre guillemets pour vous laisser un doute, tout de même ~) à été modifié: Je suis passée de "Alice Klein" à "Maria Lacorte", le nom de Miya était déjà Kleinor, je n'avais pas fais attention. Que dire d'autre ? Je me suis amusée à faire des fiches persos, mais je ne pense pas vous les poster ici, c'est plus une sorte de repère. Peut-être que je les publierais à la fin de la fic', pour ne rien spoiler du tout.

    Voilà voilà, j'espère que vous avez apprécier lire ce chapitre, j'accepte toute critique ^^ !

    Pour plus de détails, allez sur cet article, je ne suis pas censée faire de pavé ici x).


  • Commentaires

    1
    Samedi 31 Janvier 2015 à 11:40

    Super chapitre !! Hâte de la suite !

    2
    Dimanche 1er Février 2015 à 21:14

    Faut que j'aille relire les chapitres précédents, j'ai pas pu profiter à 100% de ce chef-d'oeuvre parce que je me me souvenais plus de l'histoire... TxT

    3
    Dimanche 1er Février 2015 à 22:46

    Merci beaucoup Miyo !

    Mindy-> Un chef-d'oeuvre ? Ça me fait très beaucoup plaisir mais tout de même, faut pas eexagérer x3 ! 

    Ahh, c'est de ma fauuute, je poste pas assez régulièrement ;w;

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